La plateforme 3 Speed

Machine arrière toute, on retourne au tout début des années 80 laughing

Le nom de cette plateforme de châssis n'est pas une appellation officielle, c'est là encore le nom par lequel les passionnés se réfèrent à ces modèles, y compris pour la seconde génération de 2006 que j'ai choisi de traiter dans une autre section de cet article. Il s'agit d'une famille de modèles assez exceptionnels et (presque) uniques dans le monde du modélisme radio-commandé.

En 1981, Tamiya présente le modèle 58028 Toyota 4x4 Pickup Hi-Lux : il sera suivi de trois autres modèles dont le dernier sortira en 1992. Vingt ans plus tard, Tamiya ré-édite les mythiques Bruiser et Mountaineer.

 

58028 Toyota 4x4 Pickup Hi-Lux (1981)

Tamiya 58028 Toyota 4x4 Pickup Hi-lux

58029 Blazing Blazer (1982)

Tamiya 58029 Blazing Blazer

58048 Toyota 4x4 Pickup Bruiser (1985)

Tamiya 58048 Toyota 4x4 Pickup Bruiser

 

Ce qu'il faut bien comprendre pour apprécier ces modèles à leur juste valeur, c'est que jamais auparavant il n'avait existé des modèles semblables. Jamais. Ce principe de transmission à 3 vitesses (d'où le nom 3 Speed non officiel) est une première dans l'histoire de la RC, une complexité jamais encore atteinte jusque là. Mais plus encore, le réalisme est le maître-mot de ces modèles qui évoluent en 4 roues motrices sur le 1er rapport pour le franchissement, puis en 2 roues motrices sur les 2ème et 3ème pour la vitesse. Ce soucis du détail et de véracité est tellement présent que les modèles ne sont pas équipés de différentiels... parce qu'il n'était techniquement pas possible à l'époque de le loger des différentiels dans les ponts en respectant l'échelle et donc la taille des ponts. De plus, les châssis disposent d'un compartiment étanche pour accueillir toute l'électronique et la transmission est protégée : ils peuvent réellement évoluer de manière très réaliste dans n'importe quelle condition. Pour tous les amateurs, la transmission de ces modèles est un pur bijou de mécanique.

Les deux premiers modèles sont probablement les plus aboutis, bien que le Blazing Blazer soit une version plus "économique". En effet, ce dernier ne dispose pas du variateur de vitesse semi-électronique : on parle ici bien de variateur de vitesse (vélocité) et non de rapport de transmission. En revanche, les deux premiers modèles 3 Speed possèdent des moyeux débrayables manuellement aux roues avant, c'est à dire qu'il est possible de désolidariser l'entrainement des roues avant. En clair, cela permet de passer les roues avant en roue libre, ce qui est particulièrement intéressant pour à la fois soulager la mécanique sur terrain à forte adhérence, mais également pour gagner en efficacité de direction. Ce principe de moyeux avant débrayables est particulièrement réaliste puisque c'est une solution mécanique qui existe sur de vrais véhicules 4x4. A noter que les Bruiser et Mountaineer ne disposent pas de ces moyeux débrayables et qu'ils sont motorisés par un Mabuchi 750, un moteur offrant un couple nettement supérieur au Mabuchi 540 des premiers modèles de la série.

Voici une galerie de plus d'une douzaine de documents d'époque en haute résolution sur les modèles 3 Speed :

 

Je vous invite également à consulter ma  sur laquelle se trouvent plusieurs vidéos promotionnelles d'époque.

Malheureusement, ces modèles ne resteront jamais disponibles très longtemps : la production du couple Toyota Hilux / Blazing Blazer s'arrête en 1985, au moment de la sortie du Bruiser. La production de celui-ci sera la plus longue de toutes car elle cesse courant 1992 à la sortie du Mountaineer, dont la production sera stoppée en 1995.

Il faudra patienter jusqu'en 2006 pour retrouver une mécanique de précision de type 3 Speed, mais cette version moderne sera traitée dans la section suivante. Six ans plus tard cependant, Tamiya dévoile la ré-édition des Bruiser et Mountaineer :

 

58519 Toyota 4x4 Pick-Up Bruiser (RN36) (2012)

Tamiya 58519 Toyota 4x4 Pick-Up Bruiser (RN36)

 

Voici une autre galerie de photos haute résolution qui détaillent ces ré-éditions :

 

Ces ré-éditions reprennent l'essence de la transmission d'origine en y apportant toutefois plusieurs modifications, en particulier l'ajout de différentiels blocables dans les ponts avant et arrière, mécanique dont ne bénéficiaient pas les modèles d'origine, et l'utilisation d'un Mabuchi 540 standard à la place du Mabuchi 750 spécifique aux modèles originaux. Malgré les modifications apportées par Tamiya pour ces ré-éditions, les deux modèles conservent l'essentiel de l'ADN des modèles originaux.

 

Conclusion sur la plateforme 3 Speed 

On peut distinguer 3 grandes étapes dans l'histoire de cette plateforme : la première avec les 2 premiers modèles, la seconde avec les 2 suivants et enfin une dernière avec les ré-éditions qui reprennent essentiellement l'architecture de la précédente.

Les Toyota Hilux et Blazing Blazer sont les plus mythiques, les plus emblématiques d'un savoir-faire unique et spécifique à Tamiya : la production de modèles d'un réalisme à couper le souffle. Ici, il s'agit avant tout de réalisme concernant les carrosseries et surtout la mécanique : les designers sont allés jusqu'à ne pas installer de différentiels dans les ponts de manière à conserver l'échelle et le réalisme du modèle. Le châssis est lui-même une réplique réaliste de celui des modèles à l'échelle 1, avec un châssis bâti sur des poutres et une suspension à lames. Au final, ces deux modèles sont des maquettes roulantes, réalistes jusque dans leur châssis, leur mécanique et leurs moyeux débrayables, mais au prix de leur comportement. En effet, ces modèles n'évoluent pas de manière très réaliste à cause d'une suspension trop dure. C'est un choix délibéré des designers qui a été dicté par les contraintes techniques de l'époque.

Les Toyota Bruiser et Mountaineer sont des évolutions de cette architecture, notamment dans le but d'offrir davantage de couple aux modèles (moteur Mabuchi 750) et d'améliorer la suspension en incluant des amortisseurs en plus de la suspension à lames. Enfin, les ré-éditions représentent la dernière évolution technique de cette architecture, combinant le meilleur de la version originale avec les techniques modernes.

Le succès commercial de cette série est limité par le tarif conséquent des modèles et par les aptitudes d'évolution limitées des modèles, comme le suggèrent les courtes périodes de commercialisation des modèles. Cependant, ces modèles sont extrêmement importants car ce sont ceux qui ont forgé la solide réputation de Tamiya en matière de réalisme : au-delà d'une maîtrise déjà prouvée auparavant dans le réalisme des carrosseries, les designers de Tamiya ont ajouté le réalisme mécanique, au point même de sacrifier les "performances" des modèles au nom de la fidélité à l'original. Dans l'histoire de la RC, ces modèles demeurent inégalés de ce point de vue-là : aucun autre fabricant que Tamiya n'aurait pu réussir un tel tour de force, et personne n'a jamais tenté de rivaliser dans ce domaine avec Tamiya. Outre le considérable savoir-faire à mettre en jeu, les faibles perspectives économiques à espérer de ce type de modèle ont probablement refroidi toutes les velléités.

 

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